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Au Mali, les partis politiques réclament des élections présidentielles pour en finir avec la transition des militaires [1]

['Jean Sovon']

Date: 2024-04-12

Depuis le coup d’État du 24 mai 2021, le Mali est dirigé par un gouvernement de transition qui ne donne aucun signe d'un retour à un gouvernement civil réclamé par les partis politiques, et qui de plus, annonce des mesures pour brider la presse.

A la suite d'un premier coup d’État en août 2020, le colonel Assimi Goita prend la tête du pays du 24 août au 25 septembre 2020 avant de remettre le pouvoir aux civils. Mais en mai 2021 suite à un nouveau coup d’État il revient au pouvoir en tant que chef d’État pour conduire un processus dit de transition. Il rassure la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) de ses intentions d'organiser les élections au début de 2022 dans le but de remettre le pouvoir aux civils. Contre toute attente, la période de transition est prolongée jusqu'en mars 2024 sous prétexte que des élections présidentielles doivent avoir lieu en février 2024.



Les élections présidentielles annoncées pour le mois de février 2024 n'ont pas eu lieu et à l'approche de la date du 26 mars 2024, des partis politiques et des organisations de la société civile manifestent leur désir de voir s'organiser des élections pour que le pouvoir revienne dans les mains des civils. Ces derniers estiment que les militaires au pouvoir n'ont pas la volonté d'organiser des élections.

Pourtant, la junte au pouvoir a organisé un référendum en juin 2023 pour l'adoption d'une nouvelle constitution, approuvée à 97% des voix. Cette nouvelle constitution se résume en quelques points : elle renforce les pouvoirs du président ; amnistie les auteurs des coups d’État ; renforce les pouvoirs de l'armée dans leurs missions ; et met sur pied un sénat.

Interviewé par le média allemand Deutsche Welle Yacouba Dogoni, sociologue malien estime que :

Reçu sur le plateau de Tv5monde, Oumar Mariko, président du parti politique Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI), en exil depuis 2022 analyse la situation actuelle. Dans cette vidéo, il explique cette volonté de la junte de s'éterniser au pouvoir, impute également à la junte la psychose lié à l'insécurité au sein de la population et soutient qu'il y a une guerre civile qui fait des dégâts dans le pays.

Face à tous ces remous au sein de la classe politique, la junte, à travers un décret, suspend le 10 avril 2024 toutes les activités des partis politiques et associations à vocation politique. Le texte est publié par Papa Ismaila DIENG, journaliste et blogueur politique et membre du réseau Africtivistes sur son compte X :

En clair, le décret indique que :

Au micro de Radio France Internationale (RFI), le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement justifie la suspension en ces termes :

Les commentaires sous cette publication sur le compte X (ex-Twitter) de Rfi indiquent que certains Maliens semblent soutenir cette décision de suspension et la junte au pouvoir. C'est le cas de Mohamed qui commente :

La même position est partagée par un compte au nom de M5RFP qui commente aussi :

Dans la journée du 11 avril 2024, la junte prend une nouvelle décision qui, cette fois-ci, constitue une entrave à la liberté d'expression dans le pays. Après la suspension de toutes activités politiques, la junte interdit aux médias de parler des activités des partis politiques. La Haute autorité de la communication (HAC) publie un communiqué qui acte la décision des militaires à cet effet. Le communiqué est relayé par Serge Daniel sur son compte X :

Les dénonciations face à cette restriction de la liberté d'expression ont été rapide. La maison de la presse réagit et rejette la décision de la HAC. Facely Konate, journaliste et membre du Conseil d'Administration de Reporters Sans Frontières publie sur X :

Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU aussi réagit, en demandant aux autorités maliennes de revenir sur leurs décisions en abrogeant sans délai la suspension des activités des partis politiques qui constitue une restriction de l'espace civique :

#Mali: We are deeply concerned by the decree suspending the activities of political parties and other civic associations. It must be immediately repealed. An open and pluralistic civic space is key to human rights, peace and security & sustainable development.

— UN Human Rights (@UNHumanRights) April 11, 2024

[END]
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[1] Url: https://fr.globalvoices.org/2024/04/12/286582/

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