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Le passage de Taïwan à la Chine a conduit à plus d'exploitation : entretien avec le chercheur camerounais Richard Atimniraye Nyelade [1]
['Filip Noubel']
Date: 2023-06-29
Comme la plupart des pays africains, le Cameroun a une histoire de basculement des relations diplomatiques de la République de Chine (ROC à Taiwan) à la République populaire de Chine (Pékin). Aujourd'hui, les relations entre Taipei et Yaoundé restent extrêmement limitées et peu étudiées. Quant aux relations entre Pékin et Yaoundé, qui se développent dans de nombreux secteurs, elles apportent aussi leur propre forme d'exploitation du peuple camerounais.
La présence de Taïwan en Afrique en général se limite à des relations diplomatiques complètes avec Eswatini [fr], ainsi qu'à un bureau de représentation spécial au Somaliland [fr], un pays qui, comme Taïwan, n'est reconnu que par quelques pays et n'est pas membre de l'ONU. Le commerce reste également limité entre Taïwan et l'Afrique, car aucun pays africain ne figure parmi les 25 principaux partenaires commerciaux de Taïwan.
Pour comprendre les perceptions africaines de Taïwan, mais aussi de la Chine, Global Voices s'est entretenu avec le chercheur camerounais Dr Richard Atimniraye Nyelade, qui poursuit actuellement un deuxième doctorat en anthropologie à l'Université d'Ottawa au Canada. Il est maintenant basé à Taïwan en tant que boursier du ministère des Affaires étrangères de Taïwan et du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, et ses intérêts de recherche se concentrent sur les intersections de la politique, des relations internationales et des études ethniques. L'interview a été modifiée pour plus de clarté.
Filip Noubel (FN) : Quelle est l'histoire des relations entre le Cameroun et Taïwan ?
Au départ, le gouvernement pro-occidental du Cameroun avait refusé d'établir des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine et avait plutôt reconnu Taiwan comme le gouvernement légitime de la Chine. Cette décision a été influencée par le climat politique [fr] de l'époque. Cependant, en mars 1971, le Cameroun emboîta le pas à la France et transféra sa reconnaissance à la République populaire de Chine. Ce changement significatif de reconnaissance a marqué une rupture notable dans la position diplomatique du Cameroun avec la République de Chine (Taiwan).
Pendant la lutte pour l'indépendance, la France a résisté à l'octroi d'une pleine autonomie à sa colonie et a soutenu la mise en place d'un gouvernement capitaliste pro-occidental. Pour réprimer la résistance nationaliste, elle a eu recours à des tactiques violentes comme l'utilisation du napalm. Ces détails sont mis en évidence dans le livre « Kamerun! une guerre cachée aux origines de la Françafrique (1948-1971) » [fr] de Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa. En revanche, les nationalistes ont reçu le soutien de la République populaire communiste de Chine et de la Russie.
Richard Atimniraye Nyelade (RAN): L'histoire du Cameroun est caractérisée par sa lutte pour l'indépendance vis-à-vis de l'impérialisme occidental. Poussées par des nationalistes comme Um Nyobè [fr], Ernest Oundié [fr], Félix Moumié et leurs camarades du parti Union des populations camerounaises (CPU) [fr] dans les années 1950, la France et la Grande-Bretagne ont été contraintes de concéder une indépendance relative au pays en janvier 1960. Indépendance relative parce que les restes de l'influence de ces deux puissances occidentales continuent d'affecter l'Afrique, avec leurs bases militaires et sociétés multinationales, ainsi que l'ingérence dans les affaires intérieures.
FN : Y a-t-il des centres d'études africaines à Taïwan ou des universitaires taïwanais qui s'intéressent à l'Afrique ? Quels sont les principaux sujets de recherche du côté taïwanais ?
RAN : A ma connaissance, il n'y a pas de centres d'études africaines à Taïwan, et le nombre d'universitaires taïwanais s’intéressant à l'Afrique est limité. Cependant, des travaux notables comme «Peking versus Taipei in Africa» ( Pékin vs Taipei en Afrique) de Wei Liang-Tsai et « The United Nations from a Racial Perspective: China's Representation: US, Africa, and Taiwan Agricultural Aid, 1961-1971 » (Les Nations unies d’un point de vue racial _ La représentation de la Chine : Aide agricole des États-Unis, de l'Afrique et de Taïwan, 1961-1971) du professeur Liu Xiao Peng éclairent sur les intérêts de la recherche passés, bien que l'accent récent semble avoir changé.
Alors que certains professeurs donnent des cours sur l'Afrique dans les universités taïwanaises, cela n'indique pas nécessairement une expérience personnelle ou des recherches approfondies sur le continent. L'engagement de Taïwan avec l'Afrique s'est largement centré sur des associations à vocation commerciale telles que la Taiwan Africa Business Association ( TABA ), axée sur les opportunités économiques et les partenariats commerciaux.
Malheureusement, Taïwan, comme de nombreux régimes à vocation capitaliste, court le risque de tomber dans l’extractivisme – une pratique qui donne la priorité à l'extraction et à l'exportation de matières premières avec un minimum de considération pour les personnes, les cultures et l'environnement. À l'heure actuelle, l'engagement de Taiwan en Afrique s'articule principalement autour des intérêts commerciaux. Cependant, il est important de plaider en faveur d'une perspective plus holistique qui englobe la compréhension culturelle, la collaboration sociale et le développement durable.
[END]
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[1] Url:
https://fr.globalvoices.org/2023/06/29/280021/
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