Le Raspberry à la rescousse du Pinephone
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Date: 2022-08-06 17:12
Author: jdn06
Category: Distributions
Tags:  Pinephone, Raspberry, Matériel, Téléphone, Archlinux, Manjaro,
ARM


Très satisfait de mon Pinephone  sous Mobian, j'ai voulu profiter que
les stocks de Pine64 n'étaient pas épuisés pour acheter la version la
plus récente du Pinephone,  la Beta Edition, avec ses 3  Go de RAM et
ses 32 Go de disque SSD, alors  que le UBPorts CE que je possédais se
contentait de  2 et 16 Go.  Ainsi je transformerai le  plus ancien en
téléphone de secours immédiatement disponible en cas de pépin.

Le téléphone  arrive avec  Manjaro Plasma Mobile  préinstallé. Passée
l'euphorie des  premiers instants,  avec quelques points  forts assez
marqués  par rapport  à  Mobian Phosh  (la  fluidité de  l'interface,
le  clavier  virtuel bien  pensé,  les  copier-coller, le  navigateur
Angelfish, le terminal plus utilisable, KWeather etc.) je me retrouve
assez vite coincé par les bugs concernant l'accès internet par la 4G,
plutôt rédhibitoires, et l'intégration très limitée  de Nextcloud. Je
lutte un peu puis renonce et décide d'installer Mobian Phosh.

Malheureusement,  les images  récentes  de  l'installateur Mobian  ne
fonctionnant pas, j'ai  jeté l'éponge après quatre ou  cinq essais et
ai donné  sa chance à  Manjaro Phosh. Et  si je regrette  de renoncer
au  chiffrement  total  du  téléphone,  le  reste  me  donne  entière
satisfaction  :  l'interface de  la  dernière  version de  Phosh  est
beaucoup plus réussie, l'interface est plus fluide (peut-être du fait
du meilleur matériel),  les logiciels plus à jour et  plus variés. Et
puis, j'ai Archlinux sur tous mes ordinateurs et je maîtrise mieux ce
système que  Debian. Si les  finitions sont peut-être  moins soignées
que Mobian, Manjaro Phosh reste agréable à utiliser. D'autant que les
développeurs  ont pris  le parti  de  mettre à  jour la  distribution
stable avec parcimonie, ce qui limite un peu les risques de casse, là
où  Mobian conseille  d'utiliser  Bookworm et  de  suivre son  rythme
effréné de mise à jour.

Vint donc il  y a quelques jours  ma première mise à  jour de Manjaro
Phosh. Et là, je vis  que la simplicité de l'empaquetage d'Archlinux,
qui fait que tout utilisateur  peut facilement empaqueter ou modifier
des paquets, n'avait pas que des avantages. La complexité des mises à
jour de Debian sert un but essentiel : ne jamais casser le système en
cas de  mise à jour partielle.  Ce n'est pas le  cas d'Archlinux. Or,
pour une  raison qui m'échappe,  mon téléphone a connu  quelque chose
comme un kernel  panic durant la mise à jour.  Après lui avoir laissé
une  bonne heure  dans l'espoir  qu'il  terminerait la  mise à  jour,
même  si l'interface  ne  répondait  plus, je  finis  pour forcer  le
redémarrage, et là  : catastrophe ! Le noyau démarre  (c'est déjà pas
mal) mais  l'interface graphique ne  se lance  pas et je  me retrouve
avec un login de console  sans possibilité d'utiliser un clavier pour
la saisie.

En cherchant  un peu sur le  web, je trouve surtout  des commentaires
invitant à réinstaller, ce que je  préférerais vraiment éviter : il y
a pas mal de boulot après pour tout réinstaller et configurer !

J'utilise donc la  technique que j'emploie avec  Archlinux lorsque le
noyau  ne permet  plus  le démarrage  : un  démarrage  sur une  autre
machine,  un montage  du disque,  puis un  chroot pour  tout réparer.
L'installation  que j'ai  effectuée  de Tow  Boot  aide bien  puisque
je  peux  ainsi  démarrer  mon  téléphone pour  qu'il  se  monte  sur
l'ordinateur auquel il est branché comme une simple clé USB.

Un problème cependant auquel je n'avais  pas pensé : lorsque je lance
mon `arch-chroot` j'ai  droit à une erreur car je  ne peux lancer des
exécutables compilés  pour AARCH64  depuis mon  noyau pour  AMD64. Le
chroot échoue donc.

C'est  alors que  je pense  au  petit Raspberry  400 que  je me  suis
offert l'an dernier.  Je l'avais acheté pour  bidouiller, mais aurais
eu  bien  du  mal  à  justifier  cet  achat  en  m'appuyant  sur  son
utilité,  car  je  n'en  faisais  rien  de  vraiment  essentiel.  Or,
je  l'ai justement  réinstallé  il  y a  peu,  afin qu'il  fonctionne
sous  la  nouvelle  version  64  bits  de  l'OS  maison.  Il  utilise
donc  à présent  la même  architecture que  mon Pinephone.  Comble de
bonheur,  cette  distribution  issue  de Debian  comprend  un  paquet
`arch-install-scripts` qui  contient `arch-chroot`, ce  qui simplifie
les choses.

Reste la partie pas drôle : le système du Pinephone est partiellement
cassé.  De   nombreux  paquets  ne  peuvent   être  réinstallés  sans
intervention, car  ils se  plaignent de  fichiers déjà  installés qui
n'ont  pas  été  enregristrés  comme leur  appartenant.  Après  avoir
longuement nettoyé tout cela à grands  coups de `rm` et de `pacman -S
--overwrite`, je finis par lancer une réinstallation générale de tous
les paquets afin d'avoir un  système propre, avec la commande `pacman
-Qqn | pacman -S -`

Lorsqu'enfin je redémarre,  tout est rentré dans l'ordre.  Et je sais
maintenant à quoi peut me servir mon petit Raspberry 400 !