Très satisfait de mon Pinephone sous Mobian, j'ai voulu profiter que
les stocks de Pine64 n'étaient pas épuisés pour acheter la version la
plus récente du Pinephone, la Beta Edition, avec ses 3 Go de RAM et
ses 32 Go de disque SSD, alors que le UBPorts CE que je possédais se
contentait de 2 et 16 Go. Ainsi je transformerai le plus ancien en
téléphone de secours immédiatement disponible en cas de pépin.
Le téléphone arrive avec Manjaro Plasma Mobile préinstallé. Passée
l'euphorie des premiers instants, avec quelques points forts assez
marqués par rapport à Mobian Phosh (la fluidité de l'interface,
le clavier virtuel bien pensé, les copier-coller, le navigateur
Angelfish, le terminal plus utilisable, KWeather etc.) je me retrouve
assez vite coincé par les bugs concernant l'accès internet par la 4G,
plutôt rédhibitoires, et l'intégration très limitée de Nextcloud. Je
lutte un peu puis renonce et décide d'installer Mobian Phosh.
Malheureusement, les images récentes de l'installateur Mobian ne
fonctionnant pas, j'ai jeté l'éponge après quatre ou cinq essais et
ai donné sa chance à Manjaro Phosh. Et si je regrette de renoncer
au chiffrement total du téléphone, le reste me donne entière
satisfaction : l'interface de la dernière version de Phosh est
beaucoup plus réussie, l'interface est plus fluide (peut-être du fait
du meilleur matériel), les logiciels plus à jour et plus variés. Et
puis, j'ai Archlinux sur tous mes ordinateurs et je maîtrise mieux ce
système que Debian. Si les finitions sont peut-être moins soignées
que Mobian, Manjaro Phosh reste agréable à utiliser. D'autant que les
développeurs ont pris le parti de mettre à jour la distribution
stable avec parcimonie, ce qui limite un peu les risques de casse, là
où Mobian conseille d'utiliser Bookworm et de suivre son rythme
effréné de mise à jour.
Vint donc il y a quelques jours ma première mise à jour de Manjaro
Phosh. Et là, je vis que la simplicité de l'empaquetage d'Archlinux,
qui fait que tout utilisateur peut facilement empaqueter ou modifier
des paquets, n'avait pas que des avantages. La complexité des mises à
jour de Debian sert un but essentiel : ne jamais casser le système en
cas de mise à jour partielle. Ce n'est pas le cas d'Archlinux. Or,
pour une raison qui m'échappe, mon téléphone a connu quelque chose
comme un kernel panic durant la mise à jour. Après lui avoir laissé
une bonne heure dans l'espoir qu'il terminerait la mise à jour,
même si l'interface ne répondait plus, je finis pour forcer le
redémarrage, et là : catastrophe ! Le noyau démarre (c'est déjà pas
mal) mais l'interface graphique ne se lance pas et je me retrouve
avec un login de console sans possibilité d'utiliser un clavier pour
la saisie.
En cherchant un peu sur le web, je trouve surtout des commentaires
invitant à réinstaller, ce que je préférerais vraiment éviter : il y
a pas mal de boulot après pour tout réinstaller et configurer !
J'utilise donc la technique que j'emploie avec Archlinux lorsque le
noyau ne permet plus le démarrage : un démarrage sur une autre
machine, un montage du disque, puis un chroot pour tout réparer.
L'installation que j'ai effectuée de Tow Boot aide bien puisque
je peux ainsi démarrer mon téléphone pour qu'il se monte sur
l'ordinateur auquel il est branché comme une simple clé USB.
Un problème cependant auquel je n'avais pas pensé : lorsque je lance
mon `arch-chroot` j'ai droit à une erreur car je ne peux lancer des
exécutables compilés pour AARCH64 depuis mon noyau pour AMD64. Le
chroot échoue donc.
C'est alors que je pense au petit Raspberry 400 que je me suis
offert l'an dernier. Je l'avais acheté pour bidouiller, mais aurais
eu bien du mal à justifier cet achat en m'appuyant sur son
utilité, car je n'en faisais rien de vraiment essentiel. Or,
je l'ai justement réinstallé il y a peu, afin qu'il fonctionne
sous la nouvelle version 64 bits de l'OS maison. Il utilise
donc à présent la même architecture que mon Pinephone. Comble de
bonheur, cette distribution issue de Debian comprend un paquet
`arch-install-scripts` qui contient `arch-chroot`, ce qui simplifie
les choses.
Reste la partie pas drôle : le système du Pinephone est partiellement
cassé. De nombreux paquets ne peuvent être réinstallés sans
intervention, car ils se plaignent de fichiers déjà installés qui
n'ont pas été enregristrés comme leur appartenant. Après avoir
longuement nettoyé tout cela à grands coups de `rm` et de `pacman -S
--overwrite`, je finis par lancer une réinstallation générale de tous
les paquets afin d'avoir un système propre, avec la commande `pacman
-Qqn | pacman -S -`
Lorsqu'enfin je redémarre, tout est rentré dans l'ordre. Et je sais
maintenant à quoi peut me servir mon petit Raspberry 400 !