Enlightenment vs Openbox
========================

Date: 2011-06-26 17:01
Author: jdn06
Category: Logiciels libres
Tags: Enlightenment, Openbox, XFCE

Ces  deux dernières  années,  j’ai essayé  pas  mal de  gestionnaires
graphiques,  principalement intéressé  par ceux  qui se  présentaient
comme  très légers,  afin de  pouvoir les  utiliser sur  des machines
anciennes  ou virtuelles.  Les deux  qui m’ont  le plus  séduit, dans
cette catégorie, sont  sans conteste Enlightenment et  Openbox. Si le
premier  avait mes  préférences  l’an dernier,  c’est  le second  que
j’utilise le  plus aujourd’hui. Je  vais essayer de présenter  ce qui
fait à mes yeux leurs atouts respectifs.


BEAUTÉ, EFFETS VISUELS ET PERFORMANCES

La question  est évidemment subjective  et les thèmes,  très nombreux
dans les deux cas, multiplient  les possibilités de trouver chaussure
à son pied.

Là  où  Openbox  a  un côté  minimaliste  zen,  Enlightenment  arrive
par  défaut avec  une série  de  thèmes assez  bling-bling, mais  pas
désagréables pour autant. D’autres thèmes existent par ailleurs.

Ajoutons   que    les   performances   d’Enlightenment    sont   plus
impressionnantes :  la  fluidité  des  transitions,  par  exemple  en
passant d’un  bureau à l’autre, est  très belle même sur  une machine
très limitée. Pour obtenir la même chose sur Openbox, il faut activer
un gestionnaire de composite (genre cairo-compmgr) et la machine perd
beaucoup en légèreté et en stabilité…
 

L’OCCUPATION EN MÉMOIRE

Je ne prétends pas ici  faire un benchmark rigoureux, mais simplement
faire part des  chiffres que j’obtiens après démarrage  de la machine
sous  divers gestionnaires  graphiques. Les  pourcentages donnent  la
fraction de mémoire occupée par  l’application et le chiffre qui suit
free est la quantité de mémoire  totale restée libre, exprimée en Ko,
sachant que l’ordinateur concerné dispose d’un giga de RAM.

Openbox & tint2 : (version spartiate, donc…) :
 X 1.1%
 openbox 0.8%
 tint2 0.7%
 ----------
 TOTAL 2,6%
 free 544864 libres

Openbox & tint2 avec cairo & xcompmgr :
 X 1.1%
 cairo-dock -o 3.2 %
 openbox 0.8
 tint2 0.7
 xcompmgr -c 0.2
 ----------
 TOTAL 6%
 free 507080 libres

Enlightenment :
 X 1%
 enlightenment 3.5 %
 lib enlightenment 0.3
 ----------
 TOTAL 4,8%
 free 518000 libres

À titre de comparaison, XFCE :
 X 1.2%
 xfce4-panel 2
 xfdesktop 1.7
 xfwm4 1
 xfce4-session 0.7
 thunar –daemon 0.6
 xfsettingsd 0.4
 xfce4-settings-helper 0.4
 ----------
 TOTAL 8%
 free 494528 libres

Openbox  est donc  largement devant  si  l’on se  contente du  strict
minimum,   mais  à   effets  graphiques   équivalents,  Enlightenment
l’emporte assez largement.
 

STABILITÉ

Openbox  n’a jamais  été  pris  en défaut  durant  les  mois où  j’ai
travaillé   avec.  Enlightenment   est  nettement   plus  capricieux,
notamment  du fait  du  développement continuel  qui  a longtemps  eu
pour conséquence  l’absence de  version stable  dans la  branche e17.
Sous  Archlinux,  par  exemple,  la  mise à  jour  régulière  du  svn
était  à  l’origine  de  nombreux problèmes,  dont  le  plus  évident
était l’obsolescence  soudaine de  certains morceaux  essentiels, non
remplacés  sur  le moment  par  une  nouvelle application :  entrance
(l’équivalent  de  gdm ou  de  slim),  par  exemple, a  cessé  d’être
développée  un  beau  jour sans  prévenir.  Résultat :  l’application
installée  ne permettait  plus  de  lancer une  session  mise à  jour
d’Enlightenment. Elsa,  qui doit le remplacer,  n’existe toujours pas
en version stable, plus d’un an après.

Il m’est  arrivé aussi  plusieurs fois d’avoir  à supprimer  tous les
fichiers de  configuration  contenus  dans home/…/.e afin  de pouvoir
démarrer, le  remplacement de  certains programmes bloquant  sinon le
démarrage de la session.

Ceci  dit, la  situation semble  s’être  un peu  améliorée depuis  le
passage d’e17 en 1.0.

Pour être juste cependant, il  faut aussi parler des petits problèmes
liés  à l’utilisation  d’un gestionnaire  composite et  d’un dock  de
type cairo-dock  avec Openbox,  programmes qui ajoutent  une certaine
instabilité. Avantage cependant de cette solution : les éléments sont
bien séparés les uns des autres et peuvent être tués et redémarrés de
manière indépendante sans avoir à redémarrer la session.
 

FACILITÉ D’USAGE ET DE CONFIGURATION

Dans un  premier temps,  la bataille semble  perdue pour  Openbox, et
cela m’a retenu un bon moment de vraiment m’y plonger. Openbox arrive
complètement nu :  pas de  panel, un  grand écran  vide avec  un menu
accessible par le clic droit,  mais qui n’aide pas beaucoup puisqu’il
ne contient  qu’une collection  de lanceurs  par défaut  sans rapport
avec ce qui est installé sur la machine. Tout reste à bâtir.

À l’opposé,  Enlightenment s’utilise  très bien out  of the  box : la
barre se  trouve en bas  de l’écran et le  menu permet de  lancer les
applications installées.

Il ne faut pas cependant en rester à cette première impression.

Openbox  est extrêmement  bien documentée  et sa  personnalisation se
fait de manière simple, cohérente et logique par quelques fichiers de
configuration  contenus dans  le home.  Les changements  peuvent être
testés sans  avoir besoin  de relancer la  session. En  cas d’erreur,
rien ne bloque. Pour un  archlinuxien, cette façon de faire s’intègre
parfaitement  au  reste du  système  et  mérite incontestablement  la
qualification de KISS.

Enlightenment me semble beaucoup plus contestable dans ses choix. Une
précision avant de  continuer ; ce qui suit est assez  critique vis à
vis d’un  projet que j’aime  beaucoup et auquel  je n’ai pas  du tout
pris la peine  de contribuer, pas même  par un rapport de  bug. Il ne
s’agit pas  de râler ou de  se plaindre, mais juste  de présenter mon
point de  vue subjectif sur  les points  forts et les  points faibles
pour l’utilisateur que je suis.

Pour faciliter  la configuration, tout  se fait de  manière graphique
(si quelqu’un  a trouvé  des infos  sur une  édition des  fichiers de
configuration, qu’il  me mette un lien  en commentaire !) D’ailleurs,
la  presque  totalité des  fichiers  de  configuration présents  dans
home/…/.e/ sont des fichiers non éditables de type .cfg. Si j’ai bien
compris, Enlightenment tire  en partie sa force  de cette compilation
des fichiers de configuration, mais cela rend leur édition impossible
sans passer  par la configuration graphique.  Je ne suis pas  du tout
allergique à cette manière de faire,  loin de là. Le problème est que
l’outil graphique  de configuration  est à  la fois  labyrinthique et
très peu ergonomique à mon goût.

Les  menus  sont assez  foisonnants  et  étroits, mais  surtout  leur
organisation n’est pas des plus intuitives (et la documentation reste
assez pauvre ou alors obsolète).

Un exemple :  pour installer  une extension  (appelée module  dans le
langage Enlightenment)  dans le panel  (appelé rack), il ne  faut pas
éditer le rack, mais éditer d’abord les modules, activer ceux dont on
a  besoin, puis  éditer le  rack  et y  activer le  module voulu.  La
configuration  du menu  n’est guère  plus aisée  (ajout d’un  lanceur
personnalisé, par exemple).

Pour moi,  si un  outil graphique  n’est pas  intuitif, alors  il est
beaucoup plus pénible à utiliser  qu’un fichier de configuration bien
documenté.

Openbox fait un peu peur au début, mais il est beaucoup plus souple à
l’usage qu’Enlightenment.

Autre avantage,  il se  limite à quelques  tâches (l’ouverture  de la
session,  l’affichage  des  fenêtres  et  le  menu),  ce  qui  permet
de  choisir  les  outils  qu’on  veut utiliser  avec  (le  panel,  le
dock, le  gestionnaire de  bureau, le menu  dynamique etc.)  De plus,
quelques outils graphiques minimalistes  ont été créés qui permettent
simplement  d’éditer les  fichiers  de configuraton  de manière  plus
conviviale : obconf, obmenu…

Bref, Openbox  a les  qualités de ses  défauts et  Enlightenment doit
encore progresser sur  le troisième point pour  devenir pleinement ce
qu’il promet d’être : un système beau, léger et fonctionnel.