Title: Sibelius par Andsnes
Date: 2017-09-30 11:28
Author: jdn06
Category: Disques
Tags: Andsnes, Sibelius, Gould

Vient de  sortir chez  Sony le plus  beau disque de  piano que  j’ai entendu
depuis plusieurs  années : un choix d’œuvres  pour piano de Sibelius  par le
pianiste norvégien Leif Ove Andsnes.

Ce jugement n’a rien  de très original quand on voit la série  de prix et de
distinctions que  ce disque a  remportée, en  France comme à  l’étranger. Il
n’empêche que  ce disque  m’obsède depuis  sa première audition  il y  a une
semaine, reléguant assez  loin l’autre disque de piano que  j’acheté en même
temps, les dernières sonates de Schubert par Zimerman.

Comme beaucoup, je connaissais déjà quelques pièces de cette musique grâce à
un autre disque fascinant, celui de  Glenn Gould consacré à Sibelius. Disque
qui  mériterait  une  réédition  multipiste  tirant  le  meilleur  parti  de
l’expérimentation sonore  initiale, qui essayait d’orchestrer  le piano dans
l’espace en  modifiant au  cours de  l’interprétation l’équilibre  entre des
groupes de  micros placés  à différentes  distances du  piano. Le  disque de
Gould, tel  qu’il existe,  est assez  incroyable, mais le  son reste  un peu
écrasé et mat.

L’idée  d’un  piano  orchestral,  assez  évidente  avec  une  telle  matière
musicale, si  atypique, est ici  réalisée par des moyens  plus pianistiques,
dans une  technique d’enregistrement absolument somptueuse,  dans la version
FLAC 24/192 vendue  par Qobuz. La musique de Sibelius  conserve les qualités
de ses œuvres  orchestrales : des mélodies très simples,  mais entêtantes et
mystérieuses, des couches sonores qui se superposent avec une grande clarté,
des boucles de  cellules rythmiques ennivrantes (l’_Allegro  moderato_ de la
Sonatine !).

Cependant,  les  pièces  choisies   reflètent  aussi  une  grande  diversité
d’inspiration : certains morceaux ont un côté presque chopinien, quoique peu
virtuose, comme l’opus 75 n°5 ou  l’Impromptu n°6. D’autres pièces, comme le
_Lied im Walde_ évoqueraient plutôt un Scriabine assagi.

Andsnes, dont j’aimais  déjà beaucoup les Schubert, sait  trouver le toucher
et les textures qui donnent la juste  mesure à cette musique : ce qu’il faut
d’épaisseur et de  couleur dans la matière,  sans céder le moins  du monde à
une emphase qui tuerait cette musique simple et raffinée.