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Turquie : l'essor et le déclin de Clubhouse [1]

['Arzu Geybullayeva']

Date: 2022-11-24

[Sauf indication contraire, tous les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais, ndlt.]

En janvier, lorsque les étudiants de la prestigieuse université du Bosphore en Turquie ont commencé à manifester contre le recteur nommé par le Président, c'est sur Clubhouse que la plupart de leurs échanges a eu lieu.

Dans un entretien avec le Middle East Eye, Furkan Dabaniyasti, modérateur d'un des salons de discussion de Clubhouse du Bosphore, a déclaré que le groupe « regroupe l'ensemble de l'université, des étudiants, actuels ou anciens, aux membres du corps enseignant, pour permettre des discussions libres au sein d'un forum ouvert ».

Merve Tahiroglu, coordinatrice du programme pour la Turquie de l'association Project on Middle East Democracy (POMED), explique que la plateforme est devenue « un lieu de solidarité et de sensibilisation. Clubhouse était toujours en version bêta, uniquement disponible sur iPhone et sur invitation lorsque les manifestants et étudiants turcs l'ont découverte [tr] ».

Outre sa portée auprès de l'université du Bosphore, la base d'utilisateurs turcs de l'application comprend également des artistes et influenceurs populaires qui participent aux conversations autour des sujets politiques, de cryptomonnaies, etc.

Dans un pays aussi divisé que la Turquie, où la plupart des médias sont sous le contrôle du gouvernement, l'essor de Clubhouse n'a rien eu de surprenant. Selon Yalcin Ari, spécialiste des médias numériques, « [l'application] a permis à des personnes qui ne se parleraient pas habituellement en raison de la division causée par les événements politiques des sept dernières années, à échanger. Elles se sont écoutées et ont pu trouver un terrain d'entente pour surmonter leurs différences ».

De même, la journaliste Pinar Tremblay met en avant la façon avec laquelle l'application a rassemblé un des groupes et des individus bien différents, des Turcs de la diaspora aux Kurdes, en passant par les personnes LGBTQ+. « Les membres de la diaspora kurde en Europe modèrent des espaces consacrés à la cause kurde […] De la même façon, les membres de la communauté LGBTQ+ turque en Europe abordent les opportunités et les droits que leurs adeptes en Turquie devraient poursuivre. À la fin d'une session, un·e auditeur·trice a commenté : « Il faut que je revive à présent tous mes rêves. »

Mais si sa montée en popularité parmi les opposant·es du Président Erdogan a été rapide, sa chute l'a aussi été. Contrairement aux réseaux sociaux comme Facebook, Twitter, YouTube et Instagram, Clubhouse était une plateforme que le gouvernement en place n'avait pas encore atteinte, elle ne faisait donc pas encore l'objet d'espionnage policier.

La situation a changé au début du mois de février lorsque trois étudiants [tr] qui avaient organisé des salons sur Clubhouse pour parler des manifestations à l'université du Bosphore, ont été interpellés. La police a indiqué que les interpellations étaient justifiées par les publications publiques de ces étudiants sur Twitter et Instagram, mais ces derniers ont déclaré [tr] que Clubhouse était le seul élément qu'ils avaient en commun.

Reports in Turkey that moderators in a Boğaziçi room on Clubhouse have been detained for questioning.

If confirmed, is that the earliest arrest on a new social media platform ever? I mean, it’s still in Beta with no Android app yet. pic.twitter.com/nidkcKBVNL

— Can Okar (@canokar) February 3, 2021

[END]
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[1] Url: https://fr.globalvoices.org/2022/11/24/265391/

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