Publié le 14 octobre 2020

ELTE 14

La Terre, petite planète, ayant diverses jumelles à travers l’univers. Les
voyages, se faisant à la vitesse de la lumière, permettent de réduire le temps
en transports. Ce qui est bien pratique pour déplacer un concours, en cas de
force majeure.

« – Mesdames, messieurs, le jury déclare officiellement le concours du Sabre
Laser ouvert. Suite à l’incident sur la planète Aldorande¹, le concours qui
devait avoir lieu il y a quatre ans a du être repoussé. Le confinement de la
moitié de la galaxie suite à l’épidémie de gastro-sinusite n'ayant pas aidé, le
concours se déroule donc ici, maintenant, sur Terre. »

Le concours du Sabre Laser, célèbre pour ses démonstrations technologiques, est
une véritable fête, se déroulant sur une dizaine de jours.
Organisé généralement sur Aldorande, cette dernière, détruite par un mégalomane
portant un casque noir doté d’un respirateur cardiaque, fut décalée. Trouver une
planète à même de supporter l’événement, les différentes équipes et leurs
ingénieurs, ne fut pas une chose aisée. Il fallait qu’elle se situe en zone
neutre, relativement éloignée, ne pas être en zone confinée, et facile d’accès
via l’hyper espace.
Après plusieurs mois de discussions, la Terre fut choisie, par manque de choix.
Éloignée de tout, ne disposant pas de réserve de carburant Supra-Luminique.
Bref, une planète sans aucun intérêt à première vue, excepté qu’elle formait les
meilleurs ingénieurs de l’univers, concernant les technologies vintages, plus
particulièrement techno-punk.

Le concours du Sabre Laser ne porte pas en fait sur le plus beau sabre laser. À
la base, c’était un défi lancé par deux fabricants de sabre laser, afin de
déterminer lequel aurait les meilleures caractéristiques, basé sur différents
critères. La technologie évoluant sans cesse, il n’est pas rare de voir des
sabres basés sur des torches halogènes, cryogéniques ou autres gaz et plasma
entropiques.

Le défi du découpage, se déroulant le dernier jour est le plus impressionnant à
regarder.

« – Cette année, je me demande quel sera le défi du découpage.
– Lors de la dernière édition, c’était une porte en alliage
Mithril-Adamantium-Titanium. Là, c’était du défi. C’était un ingénieur de la
planète Balamak qui avait réussi à la découper au bout de six heures, non ?
– C’est vrai que ce fut long. Mais j’ai entendu dire que non seulement le jury
mais aussi les ingénieurs se sont plaints auprès du comité organisateur, et que
cette année, ça serait du gâteau².
– On verra bien. Sachant que dans ce défi, on peut voir des trucs complètement
absurdes. Comme ce truc-là, par exemple. »

L’un des membres du jury, discutant avec l’une de ses collègues, désigna un
étrange engin de plus de quatre mètres de haut, qui attendait sur une remorque.
Une équipe d’ingénieurs à la peau verte³ s’occupait des derniers réglages.

Observant quelques instants d’autres machines alignées les unes derrière les
autres, les deux membres du jury reprirent leur discussion.

« – a priori, les équipes ont pensé que ça serait un défi similaire à celui de
la dernière fois. Sabre laser démesuré, lance-roquette à tête creuse, chalumeau
perceur, taupe piqueuse.
– Si seulement iels savaient.
– Si seulement. En effet. Enfin, nous verrons bien. Il y aura peut-être une
surprise. »

À ce moment, une sonnerie retentit, suivi d’une voix annonçant en plusieurs
langues le début du défi du découpage.

La cible fut alors révélée.

Et ce fut le chaos.

Les équipes hurlaient.

Les spectateurs huaient les organisateurs.

Les équipes de sécurité furent déployées, et le jury appelait au calme.

Au bout de vingt minutes, une fois le calme revenu, les règles furent édictées.

La règle la plus absurde fut celle-ci : Découper dans le sens de la hauteur,
l’un des buildings de trente étages, en moins de cinq minutes.

Face à l’absurdité, le jury proposa de laisser une heure⁴ aux équipes pour
adapter leurs appareils, sabres, et machines.

Cette heure fut mise à profit, et les premières équipes s’avancèrent, confiantes.

Pendant les deux heures qui suivirent, on vit défiler divers sabres lasers, des
canons, des taupes modifiées griffant dans le sens de la hauteur⁵. Personne ne
réussit le défi dans le temps imparti. Peu d’échecs complets, mais la plupart ne
parvinrent pas à découper plus de quinze étages.

Enfin vint la dernière machine.

Ne ressemblant à rien de connu, elle était portée par vingt ingénieurs. Douze
ingénieurs étaient à la manœuvre. Ressemblant de loin à un drakkar qui aurait
mangé une baleine en forme de cougar⁶, et mesurant plus de quatre mètres⁷, ce
truc soufflait de la vapeur⁸. Au décompte, l’un des ingénieurs cria un ordre.
Tous se tinrent prêt.

Au signal, la machine fut levée, pointant le ciel.

Les spectatrices et les spectateurs retinrent leurs souffle.

Après quelques secondes en équilibre, la machine, maintenue par les manœuvres
descendit progressivement, sa pointe formant une flamme fine et élancée de plus
de vingt mètres de long, léchant le toit de l’immeuble.

Au bout de dix secondes, le premier étage fut découpé. Le cinquième étage fut
atteint au bout de trente secondes.

L’un des ingénieurs ne participant pas à la manœuvre expliqua rapidement.

« – Nous nous sommes basés sur d’anciennes technologies, celle précédant le
sabre laser en fait. Nous avons étudié toutes les expérimentations qui furent
faites par le passé, et nous sommes repartis sur le principe complètement
dépassé du découpeur plasma. »

Cinq étages de plus furent découpés.

« – Imaginez que là, nous n’utilisons même pas un pourcent de la puissance
maximale. Des capteurs volumétriques et télémétriques, couplés à des unités
processeurs calculent en temps réel la puissance nécessaire pour la découpe. Si
le matériau est léger, la puissance sera réduite. Si le matériau est dense, la
puissance sera augmentée.
– Regardez ! »

La puissance fut augmentée, le building se faisant découper comme s’il était
constitué de beurre.

Soudain, un cri.

« – Trop vite, ça descend trop vite, on ne pourra pas l’arrêter à temps ! »

La flamme lécha le sol.
La machine s’emballa.
Les éléments se fendirent.

Et la terre éclata !

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¹ : Aussi appelée Alderaan.
² : The cake is a lie.
³ : Non, ce ne sont pas des gobelins, et non, ce n’est pas non plus une
catapulte à vapeur.
⁴ : Pas plus. Sinon, le repas du soir risquerait d’être décalé.
⁵ : La taupe a simplement subi une rotation à 90 degrés, de manière à creuser
verticalement et non plus horizontalement.
⁶ : Désolé, c’est vraiment impossible à décrire, ce truc…
⁷ : Le fameux « truc » vu par les deux membres du jury.
⁸ : Ou tout du moins, un truc s’en approchant.